Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/50

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Tu peux partir.

Et je relirai ça ce soir, avec quel sentiment de honte ! Promets, au moins, de ne rien supprimer.

Si madame Mercier savait ce que sont devenues les leçons de mathématiques ! Comment ai-je pu accepter ça, moi qui suis par ailleurs si honnête ! La leçon dure une heure et demie. Ce devrait être seulement une heure, mais j’aime faire les choses largement. Et puis, tout de même, un professeur n’est pas un commerçant. Sur tout ce temps, il ne faut pas compter plus d’un quart d’heure pour les mathématiques. Le reste se passe en bavardage, ou en lectures. Comment en sommes-nous venus là ? Je lis Verlaine, ou Valéry, ou Mallarmé. Quelquefois une page d’André Gide, ou, plus rarement, un propos d’Alain. Nous discutons. Nous nous taisons. Je n’aime pas beaucoup ces silences : ils sont dangereux ; il s’y glisse toutes sortes de choses. Je le sens bien. Madeleine aussi. Du moins je suppose qu’elle le sent, car une jeune fille, n’est-ce pas, est toujours moins lucide qu’un homme, et surtout qu’un homme de mon âge.

Mettons-nous en face de la chose, là, bien en face, et voyons clair : est-ce que j’aimerais (es-