Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/51

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sayons le mot), est-ce que j’aimerais Madeleine Mercier ?… Madeleine… Madeleine… Je répète ce mot, tout ému… Oh ! tout ému ! n’exagère pas ! Tu penses seulement que cette petite, tu eusses aimé la rencontrer beaucoup plus tôt. Avant Thérèse. Tu penses qu’elle est plus riche en rêve, mais tu ne te fais pas d’illusion : Madeleine Mercier se mariera, et tu travailles à son mariage. Mais oui, toi-même. Tu l’aides à se dessiner, à dessiner aussi le visage de celui qui vient. Tu lui donnes la main pour un temps, tu la conduis, mais au seuil d’une maison étrangère. Après quoi, il faudra saluer (répondra-t-elle, seulement, à ton salut ?), te retirer, et t’enfoncer seul dans la nuit.

Ce rôle est beau, et j’aime qu’il soit un peu dangereux. Je le jouerai. Et je le jouerai au plus près, me tenant au bord du danger, pour le plaisir.

Une question encore : Pourrais-tu mettre doucement Thérèse, à supposer qu’elle pût comprendre, au courant de ce beau projet ? Imagine une Thérèse subtile, artiste un peu, et qui aurait lu : lui dirais-tu ce que tu viens d’écrire ? Et une autre question encore : eusses-tu songé à un tel rôle si Thérèse ne t’avait déçu ? Est-ce bien une expérience gratuite ? Fais-tu cela seulement pour voir, et d’un esprit bien détaché ? Tout cela est-il vraiment pur ? Et, à supposer que ce soit oui, penses-tu à elle, à elle, Madeleine ? Si c’est à toi qu’elle s’atta-