Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/145

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De ne jamais chez eux mépriser mes pareils.
Les rois, dans le haut rang où le ciel les fait naître,
Ont souvent des vainqueurs et n’ont jamais de maître ;
Et sans en appeler à l’équité des dieux,
Leur courroux peut juger de vos droits odieux.
J’honore le Sénat ; mais, malgré sa menace,
Je me dispenserai d’excuser mon audace.
Je crois pouvoir enfin recevoir qui me plaît,
Et pouvoir ignorer quel est votre intérêt.
J’avouerai cependant, puisque Rome est puissante,
Qu’il est avantageux de la rendre contente.
Expliquez-vous, Seigneur, et voyons si je puis
Faire ce qu’elle exige, étant ce que je suis.
Mais retranchez ces mots d’ordre, de dépendance,
Qui ne m’invitent pas à plus d’obéissance.

FLAMINIUS

Eh bien ! daignez souffrir un avis important :
Je demande Annibal, et le Sénat l’attend.

PRUSIAS

Annibal ?

FLAMINIUS

Oui, ma charge est de vous en instruire ;
Mais, Seigneur, écoutez ce qui me reste à dire.
Rome pour Laodice a fait choix d’un époux,
Et c’est un choix, Seigneur, avantageux pour vous.

PRUSIAS

Lui nommer un époux ! Je puis l’avoir promise.

FLAMINIUS

En ce cas, du Sénat avouez l’entremise.
Après un tel aveu, je pense qu’aucun roi