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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/535

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bien qu’on m’arrête au milieu d’une période assez touchante, et qui avait quelque dignité.

LA VERTU

Voilà qui est bien ; votre langage est décent. Il n’étourdit point la raison. On a le temps de se reconnaître ; et j’en rendrai bon compte.

MERCURE

Cela fait une belle pièce d’éloquence. On dirait d’une harangue.

CUPIDON

Oui-da ; cette flamme, avec les rigueurs de Madame, la témérité qu’on accable à cause de cette audace qui met en courroux, en dépit de l’espérance qu’on n’a point, avec cette victime qui vient brocher sur le tout : cela est très beau, très touchant, assurément.

L’AMOUR

, à Cupidon.

Ce n’est pas votre sentiment qu’on demande. Voulez-vous que je continue, Déesse ?

LA VERTU

Ce n’est pas la peine. En voilà assez. Je vois bien ce que vous savez faire. À vous, Cupidon.

MERCURE

Voyons.

CUPIDON

Non, Déesse adorable, ne m’exposez point à vous dire que je vous aime. Vous regardez ceci comme une feinte ; mais vous êtes trop aimable ; et mon cœur pourrait s’y méprendre. Je vous dis la vérité ; ce n’est pas d’aujourd’hui que vous me