Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cer, nous verrons ce qui en arrivera. (On entend un bruit de trompettes.) Mais hâtons-nous de nous retirer, j’entends le signal qui nous en avertit ; nos jeunes gens vont paraître ; voici une galerie qui règne tout le long de l’édifice, et d’où nous pourrons les voir et les écouter, de quelque côté qu’ils sortent de chez eux. Partons.


Scène III.

CARISE, ÉGLÉ.
CARISE.

Venez, Églé, suivez-moi ; voici de nouvelles terres que vous n’avez jamais vues, et que vous pouvez parcourir en sûreté.

ÉGLÉ.

Que vois-je ? quelle quantité de nouveaux mondes !

CARISE.

C’est toujours le même monde, mais vous n’en connaissez pas toute l’étendue.

ÉGLÉ.

Que de pays ! que d’habitations ! Il me semble que je ne suis plus rien dans un si grand espace ; cela me fait plaisir et peur. (Elle regarde et s’arrête à un ruisseau.) Qu’est-ce que c’est que cette eau que je vois et qui roule à terre ? Je n’ai rien vu de semblable à cela dans le monde d’où je sors.

CARISE.

Vous avez raison, et c’est ce qu’on appelle un ruisseau.

ÉGLÉ, regardant.

Ah ! Carise, approchez, venez voir ; il y a quelque