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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/359

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ADINE.

Enchantée ! Il est vrai que vous êtes passable, et même assez gentille ; je vous rends justice, je ne suis pas comme vous.

ÉGLÉ, à part.

Je la battrais de bon cœur avec sa justice.

ADINE.

Mais de croire que vous pouvez entrer en dispute avec moi, c’est se moquer ; il n’y a qu’à voir.

ÉGLÉ.

Mais c’est aussi en voyant, que je vous trouve assez laide.

ADINE.

Bon ! c’est que vous me portez envie, et que vous vous empêchez de me trouver belle.

ÉGLÉ.

Il n’y a que votre visage qui m’en empêche.

ADINE.

Mon visage ! Oh ! je n’en suis pas en peine, car je l’ai vu ; allez demander ce qu’il en est aux eaux du ruisseau qui coule ; demandez-le à Mesrin qui m’adore.

ÉGLÉ.

Les eaux du ruisseau, qui se moquent de vous, m’apprendront qu’il n’y a rien de si beau que moi, et elles me l’ont déjà appris ; je ne sais ce que c’est qu’un Mesrin, mais il ne vous regarderait pas s’il me voyait ; j’ai un Azor qui vaut mieux que lui, un Azor que j’aime, qui est presque aussi admirable que moi, et qui dit que je suis sa vie ; vous n’êtes la vie de personne, vous ; et puis j’ai un miroir qui achève de me