Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/405

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la fête, et ne vous l’ôtât, si elle savait que vous l’aimiez.

LÉLIO

Et cette dame, l’a-t-on nommée ?

HORTENSE

Non ; mais apparemment on la connaît bien ; et voilà l’obligation que vous avez à Frédéric, dont les présents ont corrompu votre valet.

ARLEQUIN

Oui, c’est fort bien dit ; il m’a corrompu ; j’avais le cœur plus net qu’une perle ; j’étais tout à fait gentil ; mais depuis que je l’ai fréquenté, je vaux moins d’écus que je ne valais de mailles.

FRÉDÉRIC

, se retirant de son abstraction.

Oui, Monsieur, je vous l’avouerai encore une fois, j’ai cru bien servir l’État et la Princesse en tâchant d’arrêter votre fortune ; suivez ma conduite, elle me justifie. Je vous ai prié de travailler à me faire premier ministre, il est vrai ; mais quel pouvait être mon dessein ? Suis-je dans un âge à souhaiter un emploi si fatigant ? Non, Monsieur ; trente années d’exercice m’ont rassasié d’emplois et d’honneurs, il ne me faut que du repos ; mais je voulais m’assurer de vos idées, et voir si vous aspiriez vous-même au rang que je feignais de souhaiter. J’allais dans ce cas parler à la Princesse, et la détourner, autant que j’aurais pu, de remettre tant de pouvoir entre des mains dangereuses et tout à fait inconnues. Pour achever de vous