Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/447

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l’esprit en repos : je sais garder un secret (bas), pourvu qu’il ne m’échappe pas… Souhaitez-vous que mon ami s’approche ?

LE CHEVALIER

Je le veux bien ; mais partez sur-le-champ pour Paris.

FRONTIN

Je n’attends que vos dépêches.

LE CHEVALIER

Je ne trouve point à propos de vous en donner, vous pourriez les perdre. Ma sœur, à qui je les adresserais pourrait les égarer aussi ; et il n’est pas besoin, que mon aventure soit sue de tout le monde. Voici votre commission, écoutez-moi : vous direz à ma sœur qu’elle ne soit point en peine de moi ; qu’à la dernière partie de bal où mes amies m’amenèrent dans le déguisement où me voilà, le hasard me fit connaître le gentilhomme que je n’avais jamais vu, qu’on disait être encore en province, et qui est ce Lélio avec qui, par lettres, le mari de ma sœur a presque arrêté mon mariage ; que, surprise de le trouver à Paris sans que nous le sussions, et le voyant avec une dame, je résolus sur-le-champ de profiter de mon déguisement pour me mettre au fait de l’état de son cœur et de son caractère ; qu’enfin nous liâmes amitié ensemble aussi promptement que des cavaliers peuvent le faire, et qu’il m’engagea à le suivre le lendemain à une partie de campagne chez la dame avec qui il était, et qu’un