Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/530

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chargé Trivelin de donner de l’argent à Arlequin, je ne sais pourquoi.

LE CHEVALIER

, sérieusement.

Parce qu’étant seul, il m’avait entendu dire quelque chose de notre projet, qu’il pouvait rapporter à la Comtesse ; voilà pourquoi, Monsieur.

LÉLIO

Je ne devinais pas. Arlequin m’a tenu aussi des discours qui signifiaient que tu étais fille ; ta beauté me l’a fait d’abord soupçonner ; mais je me rends. Tu es beau, et encore plus brave ; embrassons-nous et reprenons notre intrigue.

LE CHEVALIER

Quand un homme comme moi est en train, il a de la peine à s’arrêter.

LÉLIO

Tu as encore cela de commun avec la femme.

LE CHEVALIER

Quoi qu’il en soit, je ne suis curieux de tuer personne ; je vous passe votre méprise ; mais elle vaut bien une excuse.

LÉLIO

Je suis ton serviteur, Chevalier, et je te prie d’oublier mon incartade.

LE CHEVALIER

Je l’oublie, et suis ravi que notre réconciliation m’épargne une affaire épineuse, et sans doute un homicide. Notre duel était positif ; et si j’en fais jamais