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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/120

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sur le pas de leur porte, comme elles en avaient volontiers la coutume, et nous eussent dit : Ah ! c’est donc vous, monsieur ? Eh ! d’où venez-vous, Marianne ? comme assurément elles n’y auraient pas manqué.

Oh ! voilà ce qui devait me faire trembler, et non pas ma boutique ; c’était là le véritable opprobre qui méritait mon attention. je ne l’aperçus pourtant que le dernier : et cela est dans l’ordre. On va d’abord au plus pressé ; et le plus pressé pour nous, c’est nous-même, c’est-à-dire, notre orgueil ; car notre orgueil et nous, ce n’est qu’un, au lieu que nous et notre vertu, c’est deux. N’est-ce pas, madame ?

Cette vertu, il faut qu’on nous la donne ; c’est en partie une affaire d’acquisition. Cet orgueil, on ne nous le donne pas, nous l’apportons en naissant ; nous l’avons tant, qu’on ne saurait nous l’ôter ; et comme il est le premier en date, il est, dans l’occasion, le premier servi. C’est la nature qui a le pas sur l’éducation. Comme il y a longtemps que je n’ai