Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/150

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et qui, à la vérité, vous suis tendrement attaché, , comme vous le voyez bien par la manière dont je vous parle, et comme il ne tiendra qu’à vous de le voir infiniment plus dans la suite : car je suis riche, soit dit en passant, et je puis vous être d’un grand secours, pourvu que vous entendiez vos véritables intérêts, et que j’aie lieu de me louer de votre conduite. Quand je dis de votre conduite, c’est de la prudence que j’entends, et non pas une certaine austérité de mœurs ; il n’est pas question ici d’une vie rigide et sévère qu’il vous serait difficile, et peut-être impossible de mener ; vous n’êtes pas même en situation de regarder de trop près à vous là-dessus. Dans le fond, je vous parle ici en homme du monde, entendez-vous ? en homme qui, après tout, songe qu’il faut vivre, et que la nécessité est une chose terrible. Ainsi, quelque ennemi que je vous paraisse de ce qu’on appelle amour, ce n’est pas contre toutes sortes d’engagements que je me déclare ; je ne vous dis pas de les fuir tous : il y en a d’utiles et de raisonnables, de même qu’il y en a de ruineux et d’insensés, comme le serait celui que vous prendriez avec mon neveu, dont l’amour n’aboutirait à rien qu’à vous ravir