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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/164

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en la tournant à votre profit, sans rien exiger de vous qu’un peu de reconnaissance ? Ne sont-ce pas là mes termes ? et y a-t-il rien à tout cela qui n’ait dû vous rendre mon procédé respectable ?

Eh bien ! monsieur, lui dis-je, puisque ce sont là vos desseins, et que vous avez tant de religion, ne souffrez donc pas que cet incident-ci me fasse tort ; menez-moi à votre neveu, allons tout à l’heure lui dire ce qui en est, pour empêcher qu’il ne juge mal aussi bien de vous que de moi. Vous teniez ma main quand il est entré ; je crois même que vous la baisiez malgré moi ; vous étiez à genoux ; comment voulez-vous qu’il prenne cela pour de la piété, et qu’il ne s’imagine pas que vous êtes mon amant, et que je suis votre maîtresse, à moins que vous ne vous donniez la peine de le détromper ? Il faut donc absolument que vous lui parliez, quand ce ne serait qu’à cause de moi ; vous y êtes obligé pour ma réputation, et même pour ôter le scandale, autrement ce serait offenser Dieu ; et puis vous verrez que j’ai le meilleur cœur du monde, qu’il n’y aura personne qui vous chérira, qui vous respectera tant que moi, ni qui soit née si reconnaissante. Vous me ferez aussi tout le bien qu’il vous plaira. J’irai où vous voudrez, je vous obéirai en tout : je serai trop heureuse que vous preniez soin de moi, que vous ayez la charité de ne me point abandonner, pourvu qu’à présent vous ne fassiez plus mystère de cette charité à laquelle je me soumets, et que, sans tarder davantage, vous veniez dire à M. de Valville : Mon neveu, vous ne devez point