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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/179

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sujet de mon affliction plus honnête ; car quelquefois on est glorieux avec soi-même, on fait des lâchetés qu’on ne veut pas savoir, et qu’on se déguise sous d’autres noms ; ainsi peut-être ne pleurais-je qu’à cause de mes hardes. Quoi qu’il en soit, après ce court monologue qui, malgré que j’en eusse, aurait fini par me déshabiller, j’allai par hasard jeter les yeux sur ma cornette, qui était à, côté de moi.

Bon ! dis-je alors ; je croyais avoir tout mis dans le paquet, et la voilà encore ; je ne songe pas seulement à en tirer une de ma cassette pour me recoiffer, et je suis nu-tête : quelle peine que tout cela ! Et puis, passant insensiblement d’une idée à une autre, mon religieux me revint dans l’esprit. Hélas ! le pauvre homme, me dis-je, il sera bien étonné quand il saura tout ceci.

Et tout de suite, je pensai que je devais l’aller voir ; qu’il n’y avait point de temps à perdre ; que c’était le plus pressé à cause de ma situation ; que je renverrais bien le paquet le lendemain. Pardi ! je suis bien sotte de m’inquiéter tant aujourd’hui de ces vilaines hardes (je disais vilaines pour me faire accroire que je ne les aimais pas) : il vaut encore mieux