Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/216

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La dame rougit à cette indiscrétion de la tourière, qui me révélait que c’était de moi dont elles avaient parlé à part ; et cette rougeur fut une nouvelle bonté dont je lui tins compte.

Voilà qui est bien, ma bonne ; en voilà assez, lui dit-elle. Et vous, mademoiselle, n’entrerez-vous pas aujourd’hui ? Avez-vous quelques hardes à prendre chez la marchande, et faut-il que vous y alliez ? Oui, madame, répondis-je, et je serai de retour dans une demi-heure, si vous me permettez de sortir.

Faites, mademoiselle ; allez, reprit-elle, je vous attends. Je partis donc ; le couvent n’était pas éloigné de chez Mme Dutour, et j’y arrivai en très peu de temps, malgré un reste de douleur que je sentais encore à mon pied.

La lingère causait à sa porte avec une de ses voisines j’entrai, je la remerciai, je l’embrassai de tout mon cœur ; elle le méritait.

Eh bien, Marianne ! Dieu merci, vous avez donc trouvé fortune ? eh bien ! par-ci, eh bien ! par là, qui est cette dame qui a envoyé chez moi ? J’abrégeai. Je suis extrêmement pressée, lui dis-je ; je vais me déshabiller, et mettre cet habit dans un paquet que j’ai commencé là-haut, qu’il faut que j’achève, et que vous aurez la bonté de faire porter aujourd’hui chez le neveu de M. de Climal. Oui, oui, reprit-elle, chez M. de Valville ; je le connais, c’est moi qui le fournis. Chez lui-même, lui dis-je, vous me remettez son nom ; et en lui répondant, je montais déjà l’escalier qui menait à la chambre.