Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/217

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Dès que j’y fus, et vite, et vite, j’ôte la robe que j’avais ; je reprends mon ancienne, je mets l’autre dans le paquet, et le voilà fait. Il y avait une petite écritoire et quelques feuilles de papier sur la table ; j’en prends une, et voici ce que j’y mets pour Valville.

« Monsieur, il n’y a que cinq ou six jours que je connais M. de Climal, votre oncle, et je ne sais pas où il loge, ni où lui adresser les hardes qui lui appartiennent, et que je vous prie de lui remettre. Il m’avait dit qu’il me les donnait par charité, car je suis pauvre ; et je ne les avais prises que sur ce pied-là. Mais comme il ne m’a pas dit vrai, et qu’il ma trompée, elles ne sont plus à moi, et je les rends, aussi bien que quelque argent qu’il a voulu à toute force que je prisse. Je n’aurais pas recours à vous dans cette occasion, si j’avais le temps d’envoyer. chez, un récollet, nommé le père Saint-Vincent, qui a cru me rendre service en me faisant connaître votre oncle, et qui vous apprendra, quand vous le voudrez, à vous reprocher l’insulte que vous avez fait à une fille affligée, vertueuse, et peut-être votre égale. »

Que dites vous de ma lettre ? J’en fus assez contente, et