Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/218

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la trouvai mieux que je n’aurais moi-même espéré de la faire, vu ma jeunesse et mon peu d’usage ; mais on serait bien stupide si, avec des sentiments d’honneur, d’amour et de fierté, on ne s’exprimait pas un peu plus vivement qu’à son ordinaire.

Aussitôt ce billet écrit, je pris le paquet, et je descendis en bas.

Je supprime ici un détail que vous devinerez aisément c’est ma petite cassette pleine de mes hardes, que je ne pouvais pas porter moi-même, et que j’envoyai prendre en haut par un homme qui s’était dévoué au service de tout le quartier, et qui se tenait d’ordinaire à deux pas du logis ; ce sont mes adieux à Mme Dotent, qui me promit que le ballot et le billet pour Valville seraient remis à leur adresse en moins d’une heure ; ce sont mille assurances que nous nous fîmes, cette bonne femme et moi ; ce sont presque des pleurs de sa part, car elle ne pleura pas tout à fait, mais je croyais toujours qu’elle allait pleurer. Pour moi, je versai quelques larmes par tristesse : il me semblait, en me séparant de la Dutour et en sortant de sa maison, que je quittais une espèce de parente,