Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/234

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Mais en effet, madame, repris-je, j’ai cru vous voir un peu triste (et cela était vrai), et j’en ai été inquiète ; est-ce que vous auriez du chagrin ?

Oui, reprit-elle, j’ai un fils qui est fort honnête homme, dont j’ai toujours été très contente, et dont je ne la suis pas aujourd’hui. On veut le marier, il se présente un parti très avantageux pour lui. Il est question d’une fille riche, aimable, fille de condition, dont les parents paraissent souhaiter que le mariage se fasse ; mon fils lui-même, il y a plus d’un mois, a consenti que des amis communs s’en mêlassent. On l’a mené chez la jeune personne, il l’a vue plus d’une fois, et depuis quelques semaines il néglige de conclure. Il semble qu’il ne s’en soucie plus ; et sa conduite me désole, d’autant plus que c’est une espèce d’engagement que j’ai pris avec une famille considérable, à qui je ne sais que dire pour excuser la tiédeur choquante qu’il montre aujourd’hui.

Elle ne durera pas, je ne saurais le croire, reprit Mme Dorsin, et je vous le répète encore, votre fils n’est point un étourdi ; c’est un jeune homme qui a de l’esprit, de la raison, de l’honneur. Vous savez sa tendresse, ses égards et son respect pour vous, et je