Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/235

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suis persuadée qu’il n’y a rien à craindre. Il viendra demain dîner chez moi ; il m’écoute ; laissez-moi faire, je lui parlerai : car de dire que cette petite fille dont on vous a parlé, et qu’il a rencontrée en revenant de la messe, l’ait dégoûté du mariage en question, je vous l’ai déjà dit, c’est ce qui ne m’entrera jamais dans l’esprit.

En revenant de la messe, madame ? dis-je alors un peu étonnée à cause de la conformité que cette aventure avait avec la mienne (vous vous souvenez que c’était au retour de l’église que j’avais rencontré Valville), sans compter que le mot de petite fille était assez dans le vrai.

Oui, en revenant de la messe, me répondit Mme Dorsin, ils en sortaient tous deux ; et il n’y a pas d’apparence qu’ils se soient vus depuis.

Eh ! que sait-on ? On la fait si jolie que cela m’alarme, repartit Mme de Miran ; et puis vous savez, quand elle fut partie, les mesures qu’il prit pour la connaître.

Des mesures ! autre motif pour moi d’écouter.

Eh ! mon Dieu, madame, à quoi vous arrêtez-vous là ? s’écria Mme Dorsin. Elle est jolie, à la bonne heure ; mais y a-t-il moyen de penser qu’une grisette lui ait tourné la tête ? Car il n’est question que d’une grisette, ou tout au plus de la fille de quelque petit bourgeois, qui s’était mise dans ses beaux atours à cause du jour de fête.

Un jour de fête ! Ah ! Seigneur, quelle date ! est-ce que ce serait moi ? dis-je encore en moi-même