Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/363

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dans un fauteuil qui était à côté de moi, où je ne fis que pleurer et jeter des soupirs.

Mlle de Fare baissait les yeux et ne disait mot. Valville, qui jusque-là n’avait pas encore ouvert la bouche, s’approcha enfin de Mme Dutour, et la prenant par le bras : Eh ! madame allez-vous-en, sortez, je vous en conjure ; faites-moi ce plaisir-là, vous n’y perdrez point, ma chère madame Dutour ; allez, qu’on ne vous voie point davantage ici ; soyez discrète, et comptez de ma part sur tous les services que je pourrai vous rendre.

Eh ! mon Dieu, de tout mon cœur ! reprit-elle. Hélas ! je suis bien fâchée de tout cela, mon cher monsieur ; mais que voulez-vous ? Devine-t-on ? Mettez-vous à ma place.

Eh oui, madame, lui dit-il, vous avez raison, mais partez, partez, je vous prie. Adieu, adieu, répondit-elle, je vous fais bien excuse. Mademoiselle, je suis votre servante (c’était à Mlle de Fare à qui elle parlait). Adieu, Marianne, allez, mon enfant, je ne vous souhaite pas plus de mal qu’à moi, Dieu le sait ; toutes sortes de bonheurs puissent-ils vous arriver ! Si pourtant vous voulez voir ce que j’ai apporté dans mon carton, dit-elle encore en s’adressant à Mlle de Fare, peut-être prendriez-vous quelque chose. Eh ! non, reprit Valville, non ! vous dit-on ; j’achèterai tout ce que vous avez, je le retiens, et vous le payerai demain chez moi. Ce fut en la poussant qu’il parla ainsi, et enfin elle sortit.

Mes larmes et mes soupirs continuaient, je n’osais