Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/383

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sur le mariage entre Valville et toi, dont il fut question chez mon frère ?

Non, ma mère. On n’en parla plus, lui répondis-je confuse et pénétrée de tant de témoignages de tendresse ; et je n’ai pas la hardiesse d’espérer qu’on en parle davantage,

Quoi ! que veux-tu dire ? reprit-elle, et d’où vient me tiens-tu ce discours ? Ne dois-tu pas être sûre de mon cœur ? M. de Valville ne vous a donc informée de rien, ma mère ? lui repartis-je. Non, me dit-elle ; qu’est-il donc arrivé, Marianne ?

Que je suis perdue, ma mère, et que Mme de Fare sait qui je suis, répondis-je. Eh ! qui lui a dit ? s’écria-t-elle sur-le-champ : comment le sait-elle ? Par le plus malheureux accident du monde, repris-je ; c’est que cette marchande de linge chez qui j’ai demeuré quatre ou cinq jours est venue par hasard à cette campagne pour y vendre quelque chose, et qu’elle m’y a trouvée.

Eh ! mon Dieu, tant pis ; t’a-t-elle reconnue ? me dit-elle. Oh ! tout d’un coup, repris-je. Eh bien ! achevez donc, ma fille, que s’est-il passé ? Qu’elle a voulu, repartis-je m’embrasser avec cette familiarité qu’elle a cru lui être permise, qu’elle s’est étonnée de me voir si ajustée, qu’elle ne m’a jamais appelée que Marianne ; qu’on lui a dit qu’elle se trompait, qu’elle me prenait pour une autre ; enfin qu’elle a soutenu le contraire ; et que pour le prouver elle a dit mille choses qui doivent entièrement décourager votre bonne volonté, qui doivent vous empêcher de