Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/384

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conclure notre mariage, et me priver du bonheur de vous avoir véritablement pour mère. Le tout est arrivé dans ma chambre. Mlle de Fare, qui était présente, mais qui est une personne généreuse, et à qui M. de Valville a tout conté, ne m’en a témoigné ni moins d’estime, ni fait moins d’amitié ; au contraire : aussi nous a-t-elle promis de garder un secret éternel, et n’a-t-elle rien oublié pour me consoler. Mais je suis née si malheureuse que sa générosité ne servira à rien, ma mère. Est-ce là tout ? Ne t’afflige point, reprit Mme de Miran : si notre secret n’est su que de Mlle de Fare, je suis tranquille, et il n’y a rien de gâté ; nous pouvons en toute sûreté nous en fier à elle, et tu as tort de dire que Mme de Fare sait qui tu es ; il est certain que sa fille ne lui en aura point parlé, et je n’aurais que cette dame à craindre. Eh bien ! ma mère, c’est que Mme de Fare est instruite, lui répondis-je ; il y avait là une femme de chambre qui a entendu tout ce que la lingère a dit, et qui lui a tout rapporté ; et ce qui nous l’a persuadé, c’est que cette dame, qui vint ensuite, ne me traita pas aussi honnêtement que la veille ; ses