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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/411

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Miran, et de sa complaisance pour les sentiments de son fils, en vérité très digne. Je ne connais point cette dame ; mais ce qu’elle fait pour vous me donne une grande opinion d’elle, et elle ne peut être elle-même qu’une femme d’un très grand mérite.

Que tout ce que je vous dis là ne vous passe point, je vous le répète, ajouta-t-elle en me voyant pleurer de reconnaissance ; et venons au reste.

C’est par un ordre supérieur que vous êtes ici ; et voici ce que je suis encore chargée de vous proposer.

C’est de vous déterminer, ou à rester dans notre maison, c’est-à-dire à y prendre le voile, ou à consentir à un autre mariage.

Je souhaiterais que le premier parti vous plût, je vous l’avoue sincèrement ; et je le souhaiterais autant pour vous que pour moi, à qui l’acquisition d’une fille comme vous ferait grand plaisir. Et d’où vient aussi pour vous ? C’est que vous êtes belle, et que dans le monde, avec la beauté que vous avez, et quelque vertueuse qu’on soit, on est toujours exposée soi-même, à force d’exposer les autres, et qu’enfin vous seriez ici en toute sûreté, et pour vous et pour eux.

Quel plus grand avantage d’ailleurs peut-on tirer de sa beauté que de la consacrer à Dieu, qui vous l’a donnée, et de qui vous n’éprouverez ni l’infidélité ni le mépris que vous avez à craindre de la part des hommes et de votre mari même ? C’est souvent un malheur que d’être belle, un malheur pour le