Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/413

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On ne vous en laisse point, ma fille, me répondit l’abbesse, et c’est une affaire qu’on veut se hâter de conclure. Vous devez être mariée en très peu de jours, ou vous résoudre à sortir de Paris, pour être conduite on ne m’a pas dit où ; et si vous m’en croyez, mon avis serait que vous promissiez de prendre le mari en question, à condition que vous le verrez auparavant, que vous saurez quel homme c’est, de quelle part il vient, quelle est sa fortune, et que vous parlerez même à ceux qui veulent que vous l’épousiez. Ce sont de ces choses qu’on ne peut, ce me semble, vous refuser, quelque envie qu’on ait d’aller vite ; vous y gagnerez du temps ; eh ! que sait-on ce qui peut arriver dans l’intervalle ?

Vous avez raison, madame, lui dis-je en soupirant ; c’est là cependant une bien petite ressource, mais n’importe ; il n’y a donc qu’à dire que je consens au mariage, pourvu qu’on m’accorde tout ce que vous venez de dire ; peut-être quelque événement favorable me délivrera-t-il de la persécution que j’éprouve.

Nous en étions là quand une sœur avertit l’abbesse qu’on l’attendait à son parloir. Ce pourrait bien être de vous dont il est question, ma fille, me dit-