Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/433

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Celui-ci, au contraire, disait-on, gouvernait à la manière des sages, dont la conduite est douce, simple, sans faste, et désintéressée pour eux-mêmes ; qui songent à être utiles et jamais à être vantés ; qui font de grandes actions dans la seule pensée que les autres en ont besoin, et non pas à cause qu’il est glorieux de les avoir faites. Ils n’avertissent point qu’ils seront habiles, ils se contentent de l’être, et ne remarquent pas même qu’ils l’ont été. De l’air dont ils agissent, leurs opérations les plus dignes d’estime se confondent avec leurs actions les plus ordinaires ; rien ne les en distingue en apparence, on n’a point eu de nouvelles du travail qu’elles ont coûté, c’est un génie sans ostentation qui les a conduites ; il a tout fait pour elles, et rien pour lui : d’où il arrive que ceux qui en retirent le fruit le prennent souvent comme on le leur donne, et sont plus contents que surpris. Il n’y a que les gens qui pensent qui ne sont point les dupes de la simplicité du procédé de celui qui les mène.

Il en était de même à l’égard du ministre dont