Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/435

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Entre toutes les personnes qui nous entouraient, et qui étaient au nombre de sept ou huit, tant hommes que femmes, quelques-unes semblaient ne me regarder qu’avec curiosité, quelques autres d’un air railleur et dédaigneux. De ce dernier nombre étaient les parents de Valville ; je m’en aperçus après.

J’oublie de vous dire que le fils du père nourricier de madame, ce jeune homme qu’on me destinait pour époux, s’y trouvait aussi ; il se tenait d’un air humble et timide à côté de la porte ; ajoutez-y les deux hommes que j’avais vus dans la salle, et qui étaient entrés après nous.

Je fus d’abord un peu étourdie de tout cet appareil, mais cela se passa bien vite. Dans un extrême découragement on ne craint plus rien. D’ailleurs, on avait tort avec moi, et je n’avais tort avec personne : on me persécutait, j’aimais Valville, on me l’ôtait, il me semblait n’avoir plus rien à craindre, et l’autorité la plus formidable perd à la fin le droit d’épouvanter l’innocence qu’elle opprime.

Elle est vraiment jolie, et Valville est assez excusable, dit le ministre d’un air souriant, et en adressant la parole à une de ces dames, qui était sa femme ; oui, fort jolie. Eh ! pour une maîtresse, passe, répondit une autre dame d’un ton revêche.