Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/444

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Passons là-dessus, je m’y arrête trop ; j’en perds de vue Valville, dont Mme de Miran avait encore à soutenir le désespoir, et à qui, dans l’accablement où il se trouvait, elle avait défendu de paraître ; de sorte qu’il s’était tenu dans le carrosse pendant qu’elle interrogeait la tourière ; et sur ce qu’elle en apprit, toute languissante et toute indisposée qu’elle était, elle courut chez le ministre, persuadée que c’était là qu’il fallait aller pour savoir de mes nouvelles et pour me retrouver.

De toutes les personnes de la famille, celle avec laquelle elle était le plus liée, et qu’elle aimait le plus, c’était Mme de… femme du ministre, qui l’aimait beaucoup aussi ; et quoiqu’il fût certain que cette dame se fût prêtée au complot de la famille, ma mère ne douta point qu’elle n’eût eu beaucoup de peine à s’y résoudre, et se promit bien de la ranger de son parti dès qu’elle lui aurait parlé.

Et elle avait raison d’avoir cette opinion-là d’elle ; ce fut elle en effet qui refusa de soutenir l’entreprise, et qui, comme vous l’allez voir, parut opiner qu’on me laissât en repos.

Voici donc Mme de Miran et Valville qui entrent tout d’un coup dans la chambre où noirs étions. C’était Mme de… et non pas le ministre, que ma mère avait demandé d’abord, et les gens de la