Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/446

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Ce fut Mme de… qui rompit le silence. Bonjour, madame, dit-elle à ma mère ; franchement on ne vous attendait pas, et j’ai bien peur que vous n’alliez être fâchée contre moi.

Eh ! d’où vient, madame, le serait-elle ? ajouta tout de suite cette parente longue et maigre (car je ne me ressouviens point de son nom, et n’ai retenu d’elle que la singularité de sa figure) ; d’où vient le serait-elle ? ajouta-t-elle, dis-je, d’un ton aigre et aussi revêche que sa physionomie : Est-ce qu’on désoblige madame quand on lui rend service et qu’on lui sauve les reproches de toute sa famille ?

Vous êtes la maîtresse de penser de mes actions ce qu’il vous plaira, madame, lui répondit d’un air indifférent Mme de Miran ; mais je ne les réformerai point sur le jugement que vous en ferez ; nous sommes d’un caractère trop différent pour être jamais du même avis ; je n’approuve pas plus vos sentiments que vous approuvez les miens, et je ne vous en dis rien. Faites de même à mon égard.

Valville était rouge comme du feu, il avait les yeux étincelants, je voyais à sa respiration précipitée qu’il avait peine à se contenir et que le cœur lui battait.

Monsieur, continua Mme de Miran en adressant la parole au ministre, c’était Mme de… que je venais voir, et voici l’objet de la visite que je lui rendais ce matin, ajouta-t-elle en. me montrant. J’ai su qu’une des femmes de madame l’était venue