Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/447

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prendre sous mon nom au couvent où je l’avais mise, et j’espérais qu’elle me dirait ce que cela signifie, car je n’y comprends rien. A-t-on voulu se divertir à m’inquiéter ? Quelle peut avoir été l’intention de ceux qui ont imaginé de me soustraire cette jeune enfant, à qui je m’intéresse ? Ce projet-là ne vient pas de madame, j’en suis sûre ; je ne la confonds point du tout avec les gens qui ont tout au plus gagne sur elle qu’elle s’y prêtât. Je ne m’en prends point à vous non plus, monsieur ; on vous a gagné aussi, et voilà tout. Mais de quel prétexte s’est-on servi ? Sur quoi a-t-on pu fonder une entreprise aussi bizarre ? de quoi mademoiselle est-elle coupable ?

Mademoiselle ! s’écria encore là-dessus, d’un air railleur, cette parente sans nom ; mademoiselle ! Il me semble avoir entendu dire qu’elle s’appelait Marianne, ou bien qu’elle s’appelle comme on veut, car comme on ne sait d’où elle sort, on n’est sûr de rien avec elle, à moins qu’on ne devine ; mais c’est peut-être une petite galanterie que vous lui faites à cause qu’elle est passablement gentille. Valville, à ce discours, ne put se retenir, et la regarda avec un ris amer et moqueur qu’elle sentit.

Mon petit cousin, lui dit-elle, ce que je dis là ne vous plaît pas, nous le savons ; mais vous pourriez vous dispenser d’en rire. Et si je le trouve plaisant, ma grande cousine, pourquoi n’en rirais-je pas ? répondit-il.

Taisez-vous, mon fils, lui dit aussitôt Mme de