Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/478

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devait en être incessamment pourvu ; il n’y avait tout au plus que trois semaines à attendre, et il fut conclu que nous nous marierions dès que cette affaire serait terminée.

Voilà qui était bien positif. Valville ne se possédait pas de joie ; je ne savais plus que dire dans la mienne, elle m’ôtait la parole, et je ne faisais que regarder ma mère.

Ce n’est pas le tout, me dit-elle ; je vais ce soir pour huit ou dix jours à ma terre, où je veux me reposer de toutes les fatigues que j’ai eues depuis la mort de mon frère, et, je suis d’avis de te mener avec moi, pendant que mon fils va passer quelque temps à Versailles, où il est nécessaire qu’il se rende : Tu n’as rien apporté de ton couvent pour cette petite absence, mais je te donnerai tout ce qu’il te faut.

Ah ! mon Dieu, que de plaisir ! Quoi ! dix ou douze jours avec vous, sans vous quittera lui répondis-je ; ne changez donc point d’avis, ma mère.

Aussitôt elle passa dans son cabinet, écrivit à l’abbesse qu’elle m’emmenait à la campagne, fit porter le billet sur-le-champ, et deux heures après nous partîmes.

Notre voyage n’était pas long ; cette terre n’était éloignée que de trois petites lieues, et Valville se déroba deux ou trois fois de Versailles pour nous y venir voir. Il ne fut pas pourvu de cette charge dont j’ai parlé aussi vite qu’on l’avait cru ; il survint des difficultés qui traînèrent l’affaire en longueur ; chaque jour cependant on en attendait là conclusion. Nous