Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/480

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missions à table. Un importun l’avait retenu ; nous dit-il ; et je le crus, d’autant plus qu’à cela près je ne voyais rien de changé en lui. En en effet, il était toujours le même, à l’exception qu’il était un peu plus dissipé qu’à l’ordinaire, à ce que m’avait dit Mme de Miran avant qu’il entrât ; et c’est qu’il s’ennuie, avait-elle ajouté, de voir différer votre mariage.

Enfin, la dernière fois qu’elle me ramenait à mon couvent ; Je vous prie, ma mère, que je sois de la partie, lui dit Valville, qui avait été charmant ce jour-là, qui à mon gré ne m’avait jamais tant aimée, qui ne me l’avait jamais dit avec tant de grâces, ni si galamment, ni si spirituellement. (Et tant pis, tant de galanterie et tant d’esprit n’étaient pas bon signe ; il fallait apparemment que son amour ne fût plus ni si sérieux, ni si fort ; et il ne me disait de si jolies choses qu’à cause qu’il commençait à n’en plus sentir de si tendres).

Quoi qu’il en soit, il eut envie de nous suivre ; Mme de Miran disputa d’abord, et puis consentit ; le ciel en avait ainsi ordonné. Je le veux bien, reprit-elle, mais à condition que vous resterez dans le carrosse, et que vous ne paraîtrez point, pendant que j’irai voir un instant l’abbesse. Et c’est de cette