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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/510

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Achevez, lui dis-je, ne me déguisez rien ; ce ne serait pas la peine, je crois vous entendre. Où avez-vous vu M. de Valville ? L’indigne ! Est-il possible qu’il ne m’aime plus !

Hélas ! ma chère Marianne, me répondit-elle, que n’ai-je su plus tôt tout ce que vous venez de me dire ?

Eh bien ! insistai-je : après, parlez franchement ; est-ce que vous m’avez ravi son cœur ? Dites donc qu’il m’en coûte le mien ! répondit-elle. Quoi ! criai-je encore, il vous aime donc, et vous l’aimez ? Que je suis malheureuse !

Nous sommes toutes deux à plaindre, me dit-elle ; il ne m’a point parlé de vous ; je l’aime, et je ne le verrai de ma vie.

Il ne m’en aimera pas davantage, lui répondis-je en versant à mon tour un torrent de larmes ; il ne m’en aimera pas davantage. Ah ! mon Dieu, où en suis-je, et que ferai-je ? Hélas ! ma mère, je ne serai donc point votre fille ! C’est donc en vain que vous avez été si généreuse ! Quoi ? vous, monsieur de Valville, vous, infidèle pour Marianne après tant d’amour ! Vous l’abandonnez ! Et c’est vous, mademoiselle, qui me l’ôtez ; vous, qui avez eu la cruauté de m’aider à guérir ! Eh ! que ne me laissiez-vous mourir ? Comment