Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/112

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d’abord les yeux sur moi m’engagea subitement et sans réflexion à avoir recours à lui.

Hélas ! lui dis-je, monsieur Villot, vous qui étiez notre ami, menez-moi chez vous pour quelques jours ; souvenez-vous de Mme de Tresle, et ne me laissez pas ici, je vous en conjure.

Eh ! vraiment, mademoiselle, je n’arrive ici que pour vous emmener : c’est Mme de Tresle qui m’en a chargé en mourant par la lettre que voici, et que je n’ai reçue que ce matin en revenant de la ville. Ainsi je vous conduirai tout à l’heure à notre bourg, si ces dames y consentent ; et ce sera bien de l’honneur à moi de vous rendre ce petit service, après les obligations que j’ai à feu M. de Tervire, mon bon maître et votre grand-père, que nous avons bien pleuré ma femme et moi, et pour qui nous prions Dieu encore tous les jours. Il n’y a qu’à venir, mademoiselle ; nous nous estimerons bien heureux de vous avoir à la maison, et nous vous y porterons autant de respect que si vous étiez chez vous, ainsi qu’il est juste.

Volontiers, dit alors une de mes tantes ; n’est-ce pas, ma sœur ? Elle sera là chez de fort honnêtes gens, et nous pouvons la leur confier en toute sûreté. Oui, monsieur Villot, on vous la laisse avec plaisir, emmenez-la ; j’écrirai dès aujourd’hui à sa mère la bonne volonté que vous avez marquée, afin que vous n’y perdiez pas, et qu’elle se hâte de vous débarrasser de sa fille.

Ah ! madame, lui répondit ce galant homme, ce n’est pas le gain que j’y prétends faire qui me mène ; je n’y songe pas. Pour ce qui est de l’embarras, il n’y