Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/113

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en aura point ; ma femme ne quitte jamais son ménage, et nous avons une chambre fort propre qui est toujours vide, excepté quand mon gendre vient au bourg ; mais il couchera ailleurs ; il n’est que mon gendre, et la jeune demoiselle sera la maîtresse du logis, jusqu’à ce que sa mère la reprenne.

Je m’approchai alors de M. Villot pour lui témoigner combien j’étais sensible à ce qu’il disait, et de son côté il me fit une révérence à laquelle on reconnaissait le fermier de mon grand-père.

Allons, voilà qui est décidé, dit alors la cadette ; adieu, monsieur Villot ; qu’on aille chercher la cassette de cette petite fille ; il se fait tard, nos équipages sont prêts, il n’y a qu’à partir. Tervire (c’était à moi à qui elle s’adressait), donnez demain de vos nouvelles à votre mère ; on vous reverra un de ces jours, entendez-vous ? Soyez bien raisonnable, ma fille ; nous vous la recommandons, monsieur Villot.

Là-dessus elles prirent congé de tout le monde, passèrent dans la cour, se mirent chacune dans leur voiture, et partirent sans m’embrasser. Elles venaient de s’épuiser d’amitié pour moi dans les dernières paroles que venait de me dire la cadette, et que l’aînée était censée avoir dites aussi.

Je fus un peu soulagée dès que je ne les vis plus, je respirai, je sentis une affliction de moins. On chargea un paysan de mon petit bagage, et nous partîmes à notre tour, M. Villot et moi.

Non, Marianne, quelque chose que je vous aie dit jusqu’ici de mes détresses, je ne me souviens point