Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/421

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dit plus haut ; mais apparemment qu’il me restait encore dans le cœur quelque petite étincelle de feu pour elle, puisque je fus ému ; mais tout s’éteignit dans ce moment.

Je cachai pourtant à Geneviève ce qui se passait en moi. Hélas ! lui répondis-je, ce que vous me dites est bien fâcheux.

Quoi ! Jacob, me dit-elle avec des yeux qui me demandaient grâce, et qui étaient faits pour l’obtenir, si on n’était pas quelquefois plus irréconciliable en pareil cas avec une fille qui est belle qu’avec une autre qui ne l’est pas. Quoi ! m’aurais-tu abusée, quand tu m’as fait espérer qu’un peu de sincérité nous raccommoderait ensemble ?

Non, lui dis-je, j’aurais juré que je vous parlais loyalement ; mais il me semble que mon cœur veut changer d’avis. Eh ! pourquoi en changerait-il, mon cher Jacob, s’écria-t-elle ; tu ne trouveras jamais personne qui t’aime autant que moi ! Tu peux d’ailleurs compter désormais sur une sagesse éternelle de ma part. Oui, mais malheureusement, lui dis-je, cette sagesse vous prend un peu tard ; c’est le médecin qui arrive après la mort.