Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/422

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Quoi ! reprit-elle, je te perdrai donc ? Laissez-moi rêver à cela, lui dis-je, il me faut un peu de loisir pour m’ajuster avec mon cœur, il me chicane, et je vais tâcher aujourd’hui de l’accoutumer à la fatigue. Permettez que je m’en aille penser à cette affaire.

Il vaut autant que tu me poignardes, me dit-elle, que de ne pas prendre ta résolution sur-le-champ. Il n’y a pas moyen, je ne saurais si vite savoir ce que je veux ; mais patience, lui dis-je, il y aura tantôt réponse, et peut-être de bonnes nouvelles avec : oui, tantôt, ne vous impatientez pas. Adieu, ma petite maîtresse, restez en paix, et que le ciel nous assiste tous deux !

Je la quittai donc, et elle me vit partir avec une tendre inquiétude, qu’en vérité j’avais honte de ne pas calmer ; mais je ne cherchais qu’à m’esquiver, et j’entrai dans ma chambre avec la résolution inébranlable de m’enfuir de la maison, si madame ne mettait pas quelque ordre à mon embarras, comme elle me l’avait promis.

J’appris dans le cours de la journée que Geneviève s’était mise au lit, qu’elle était malade, qu’elle avait eu des maux de cœur ; accidents dont on souriait en me les contant, et qu’on me venait conter par