Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/423

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préférence. Six ou sept personnes de la maison, et surtout les filles de madame, vinrent me le dire en secret.

Pour moi je me tus, j’avais trop de souci pour m’amuser à babiller avec personne, et je restai tapi dans mon petit taudis jusqu’à sept heures du soir.

Je les comptai, car j’avais l’oreille attentive à l’horloge, parce que je voulais parler à madame qu’une légère migraine avait empêchée de sortir.

Je me préparais donc à l’aller trouver quand j’entendis du bruit dans la maison : on montait, on descendait l’escalier avec un mouvement qui n’était pas ordinaire. Ah ! mon Dieu, disait-on, quel accident !

Ce fracas-là m’émut, et je sortis de ma chambre pour savoir ce que c’était.

Le premier objet que je rencontrai, ce fut un vieux valet de chambre de monsieur qui levait les mains au ciel en soupirant, qui pleurait et qui s’écriait : Ah ! pauvre homme que je suis ! Quelle perte ! quel malheur ! Qu’avez-vous donc, monsieur Dubois ? lui dis-je ; qu’est-il arrivé ?

Hélas ! mon enfant, dit-il, monsieur est mort et j’ai envie d’aller me jeter dans la rivière.

Je ne pris pas la peine de l’en dissuader, parce qu’il