Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/425

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m’épouvanta sans m’affliger ; peut-être même la trouvai-je venue bien à propos ; je respirai, et j’avais pour excuse de ma dureté là-dessus, que le défunt m’avait menacé de la prison. Cela m’avait alarmé, sa mort me tirait d’inquiétude, et mit le comble à la disgrâce où Geneviève était tombée dans mon cœur.

Hélas ! la pauvre fille, le malheur lui en voulait ce jour-là. Elle avait entendu aussi bien que moi le tintamarre qu’on faisait dans la maison, et de son lit elle appela un domestique pour en savoir la cause.

Celui à qui elle s’adressa était un gros brutal, un de ces valets qui dans une maison ne tiennent jamais à rien qu’à leurs gages et qu’à leurs profits, et pour qui leur maître est toujours un étranger, qui peut mourir, périr, prospérer sans qu’ils s’en soucient ; tant tenu, tant payé, et attrape qui peut.

Je le peins ici, quoique cela ne soit pas fort nécessaire : mais du moins, sur le portrait que j’en fais, on peut éviter de prendre des domestiques qui lui ressemblent.

Ce fut donc ce gros sournois-là qui vint à la voix de Geneviève qui l’appelait, et qui, interrogé de ce que c’était que ce bruit qu’elle entendait, lui dit : C’est que monsieur est mort.

À cette brusque nouvelle, Geneviève déjà indisposée s’évanouit.

Sans doute que ce valet ne s’amusa pas à la secourir. Le petit coffret plein d’argent dont j’ai parlé, et qui était encore sur sa table, fixa son attention. De sorte que