Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/459

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de vous ne reste en arrière ; et ce n’est pas de cela dont il s’agit. Nous parlons du jeune homme que vous avez retenu (cette jeunesse lui tenait au cœur), vous n’y voyez point de mal, j’en suis persuadé ; mais daignez m’entendre.

Là il fit une petite pause comme pour se recueillir.

Et puis continuant : Dieu, par sa bonté, ajouta-t-il, permet souvent que ceux qui nous conduisent aient des lumières qu’il nous refuse, et c’est afin de nous montrer qu’il ne faut pas nous en croire, et que nous nous égarerions si nous n’étions pas dociles.

De quelle conséquence est-il, me dites-vous, d’avoir retenu ce garçon qui paraît sage ? D’une très sérieuse conséquence.

Premièrement, c’est avoir agi contre la prudence humaine ; car enfin, vous ne le connaissez que de l’avoir rencontré dans la rue. Sa physionomie vous paraît bonne, et je le veux ; chacun a ses yeux là-dessus, et les miens ne lui sont pas tout à fait aussi favorables ; mais je vous passe cet article. Eh bien, depuis quand, sur la seule physionomie, fie-t-on son bien et sa vie à des inconnus ? Quand je dis son bien