Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/487

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mes affaires. D’ailleurs, comme je te dis, nous nous mettrons bientôt tout à fait à notre aise sur cet article-là ; quelques jours suffiront pour me déterminer à ce que je médite, et il faut se hâter ; car les circonstances ne permettent pas que je diffère. Ne parle de rien au logis de ma sœur, et vis à ton ordinaire durant le peu de temps que nous y serons. Retourne dès demain chez notre hôtesse, elle me paraît obligeante ; tu la prieras de vouloir bien nous chercher une cuisinière, et si elle te fait des questions qui te regardent, réponds-y suivant ce que nous venons de dire ; prends le nom de la Vallée, et sois mon parent ; tu as assez bonne mine pour cela.

Vertubleu ! que je suis aise de toute cette manigance-là, m’écriai-je ; que j’ai de joie qui me trotte dans le cœur, sans savoir pourquoi, je serai donc votre cousin ? Pourtant, ma cousine, si on me mettait à même de prendre mes qualités, ce ne serait pas votre parent que je voudrais être, non, j’aurais bien meilleur appétit que cela ; la parenté me fait bien de l’honneur néanmoins ; mais quelquefois l’honneur et le plaisir vont de compagnie, n’est-ce pas ?

Nous approchions du logis pendant que je parlais ainsi ; et je sentis sur-le-champ qu’elle ralentissait sa marche pour avoir le temps de me répondre et de me faire expliquer.

Je ne vous entends pas bien, monsieur de la Vallée, me dit-elle d’un ton de bonne humeur, et je ne sais pas ce que c’est que cette qualité que vous voudriez.

Oh ! malepeste ! cousine, lui dis-je, je ne saurais