Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/512

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regardai avec beaucoup d’attention, et tu me parus d’une physionomie tout à fait prévenante.

Grand merci à Dieu qui a permis que je la porte, m’écriai-je encore à ces mots. Oui, dit-elle, tu me plus d’abord, et le penchant que j’eus pour toi me parut être si subit et si naturel, que je ne pus m’empêcher d’y faire quelque réflexion. Qu’est-ce que c’est que ceci, me dis-je, je me sens comme obligée d’aimer ce jeune homme ? Là-dessus je me recommandai à Dieu qui dispose de tout, et le priai de vouloir bien, dans les suites, me manifester sa sainte volonté sur une aventure qui m’étonnait moi-même. Hé bien, cousine, lui dis-je alors, ce jour-là, nos prières partirent donc l’une quand et quand l’autre ; car, pendant que vous faisiez la vôtre, je fis aussi ma petite oraison à part. Mon Dieu ! disais-je, qui avez mené Jacob sur ce Pont-Neuf, mon Dieu, que vous seriez clément envers moi, si vous mettiez dans la fantaisie de cette honnête demoiselle de me garder toute sa vie, ou seulement toute la mienne, à son aimable service !

Est-il bien possible, me répondit Mlle