Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/520

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chaque article, dit alors Mlle Habert excédée de ces discours, je n’aurai pas le temps de vous mettre au fait. À l’égard de l’âge, je suis bien aise de vous dire, madame, que je n’ai pas lieu de craindre les caquets, et qu’à quarante-cinq ans que j’ai...

Quarante-cinq ans ! s’écria l’autre en l’interrompant ; eh ! ce n’est rien que cela : ce n’est que vingt-cinq de plus qu’il a ; pardi, je vous en croyais cinquante pour le moins ; c’est sa mine qui m’a trompée en comparaison de la vôtre. Rien que quarante-cinq ans ! ma voisine ; oh ! votre fils pourra bien vous en donner un autre. Vis-à-vis de nous, il y a une dame qui accoucha le mois passé à quarante-quatre et qui n’y renonce pas à quarante-cinq ; et si son mari en a plus de soixante et douze. Oh ! nous voilà bien ; vous qui êtes appétissante, et lui qui est jeune, il y aura famille. Eh ! dites-moi donc ? est-ce un notaire pour le contrat que vous voulez que je vous enseigne ? Je vous mènerai tantôt chez le mien, ou bien je vais dire à Javote d’aller le prier de passer ici.

Eh ! non, madame, dit Mlle Habert, ne vous souvenez-vous plus que je veux tenir mon mariage secret ? Ah ! oui à propos, dit-elle ; nous irons donc chez lui en cachette. Ah çà ! il y a les bans à cette heure ? C’est touchant tout cela, lui dis-je alors, que Mlle Habert souhaitait que vous l’aidassiez, soit pour des témoins, soit pour parler aux prêtres de la paroisse.