Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/77

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de Miran, que vous pouvez consulter là-dessus.

Ce qui me surprit le plus dans sa proposition, ce fut cette rapidité avec laquelle il la fit, et cette franchise obligeante dont il l’accompagna.

Je n’ai vu personne si digne qu’on l’écoutât que ce galant homme ; c’était son âme qui me parlait ; je la voyais, elle s’adressait à la mienne, et lui demandait une réponse qui fût simple et naturelle, comme l’était la question qu’il venait de me faire. Aussi, laissant-là toutes les façons, conformai-je mon procédé au sien, et, sans m’amuser à le remercier :

Monsieur, lui dis-je, savez-vous mon histoire ?

Oui, mademoiselle, reprit-il, je la sais, voilà pourquoi vous me voyez ici ; c’est elle qui m’a appris que vous valez mieux que tout ce que je connais dans le monde, c’est elle qui m’attache à vous.

Vous m’étonnez, monsieur, lui répondis-je ; votre façon de penser est bien rare ; je ne saurais la louer à cause qu’elle est trop à mon avantage. Mais vous êtes un homme de condition, apparemment ?

Oui, me repartit-il, j’oubliais devons le dire, d’autant plus qu’à mon avis, ce n’est pas là l’essentiel.