Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/84

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Dieu soit béni qui veut que je vous aime, et que sa sainte volonté soit faite ; et tous les transports de ce cœur étaient sur ce ton-là, et l’amour n’y perdait qu’un peu de son air et de son style, mais rien de ses sentiments ; figurez-vous là-dessus de quel caractère il pouvait être.

Il était dix heures quand nous nous levâmes ; nous nous étions couchés à trois, et nous avions eu besoin de repos.

Monsieur de la Vallée, me dit-elle un quart d’heure avant que nous nous levassions, nous avons bien quatre à cinq mille livres de rente, c’est de quoi vivre passablement ; mais tu es jeune, il faut s’occuper, à quoi te destines-tu ? À ce qui vous plaira, cousine, lui dis-je ; mais j’aime assez cette maltôte, elle est de si bon rapport, c’est la mère nourrice de tous ceux qui n’ont rien ; je n’ai que faire de nourrice avec vous, cousine, vous ne me laisserez pas manquer de nourriture, mais abondance de vivre ne nuit point, faisons-nous financiers par quelque emploi qui ne nous coûte guère, et qui rende beaucoup, comme c’est la coutume du métier. Le seigneur de notre village, qui est mort riche comme un coffre, était parvenu par ce moyen, parvenons de même.