Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/206

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jamais cru être si joli que vous le dites ; mais puisque vous aimiez tant ma copie, il faut bien croire que l’original mérite quelque chose.

Flaminia.

Je crois que vous m’auriez encore plu davantage ; mais je n’aurais pas été assez belle pour vous.

Arlequin, avec feu.

Par la sambille ! je vous trouve charmante avec cette pensée-là.

Flaminia.

Vous me troublez, il faut que je vous quitte ; je n’ai que trop de peine à m’arracher d’auprès de vous ; mais où cela nous conduirait-il ? Adieu, Arlequin ; je vous verrai toujours, si on me le permet ; je ne sais où j’en suis.

Arlequin.

Je suis tout de même.

Flaminia.

J’ai trop de plaisir à vous voir.

Arlequin.

Je ne vous refuse pas ce plaisir-là, moi ; regardez-moi à votre aise, je vous rendrai la pareille.

Flaminia.

Je n’oserais, adieu. (Elle sort.)

Arlequin.

Ce pays-ci n’est as digne d’avoir cette fille-là. Si par quelque malheur Silvia venait à manquer, dans mon désespoir je crois que je me retirerais avec elle.