Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/213

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bâton d’un côté, pour avoir le privilège d’en donner d’un autre ; voilà une drôle de vanité ! À vous voir si humbles, vous autres, on ne croirait jamais que vous êtes si glorieux.

Le Seigneur.

Nous sommes élevés là-dedans. Mais écoutez ; vous n’aurez point de peine à me remettre en faveur ; car vous connaissez bien Flaminia.

Arlequin.

Oui, c’est mon intime.

Le Seigneur.

Le Prince a beaucoup de bienveillance pour elle ; elle est la fille d’un de ses officiers ; et je me suis imaginé de lui faire sa fortune en la mariant à un petit cousin que j’ai à la campagne, que je gouverne, et qui est riche. Dites-le au prince ; mon dessein me conciliera ses bonnes grâces.

Arlequin.

Oui ; mais ce n’est pas là le chemin des miennes ; car je n’aime point qu’on épouse mes amies, moi, et vous n’imaginez rien qui vaille avec votre petit-cousin.

Le Seigneur.

Je croyais…

Arlequin.

Ne croyez plus.

Le Seigneur.

Je renonce à mon projet.

Arlequin.

N’y manquez pas ; je vous promets mon intercession, sans que le petit cousin s’en mêle.