Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/334

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interrogeons son cœur pour en tirer la vérité. Je vais me servir d’un stratagème, qui, tout commun qu’il est, ne laisse pas souvent de réussir.



Scène VI

LE CHEVALIER, LE COMTE.
Le Chevalier.

On m’a dit que vous me demandiez ; puis-je vous rendre quelque service, monsieur ?

Le Comte.

Oui, chevalier, vous pouvez véritablement m’obliger.

Le Chevalier.

Pardi, si je le puis, cela vaut fait.

Le Comte.

Vous m’avez dit que vous n’aimiez pas la marquise.

Le Chevalier.

Que dites-vous là ? je l’aime de tout mon cœur.

Le Comte.

J’entends que vous n’aviez pas d’amour pour elle.

Le Chevalier.

Ah ! c’est une autre affaire, et je me suis expliqué là-dessus.

Le Comte.

Je le sais, mais êtes-vous dans les mêmes sentiments ? Ne s’agit-il point à présent d’amour, absolument ?