Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un des Lutins.

Suivez-nous, suivez-nous.

Silvia.

Je ne veux pas, je veux retourner au logis.

Un autre Lutin.

Marchons. (Il l’enlève.)



Scène XIV

La scène change et représente le jardin de la fée.
LA FÉE, ARLEQUIN.
La Fée, à Arlequin qui marche devant elle la tête baissée.

Fourbe que tu es ! je n’ai pu paraître aimable à tes yeux, je n’ai pu t’inspirer le moindre sentiment, malgré tous les soins et toute la tendresse que tu m’as vue ; et ton changement est l’ouvrage d’une misérable bergère ! Réponds, ingrat ! que lui trouves-tu de si charmant ? Parle.

Arlequin, feignant d’être retombé dans sa bêtise.

Qu’est-ce que vous voulez ?

La Fée.

Je ne te conseille pas d’affecter une stupidité que tu n’as plus. Si tu ne te montres tel que tu es, tu vas me voir poignarder l’indigne objet de ton choix.

Arlequin, vite et avec crainte.

Eh ! non, non ; je vous promets que j’aurai de l’esprit autant que vous le voudrez.

La Fée.

Tu trembles pour elle.