Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/560

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Arlequin.

Véritablement l’exclamation est effrontée avec nous, supprime-la.

Lisette.

C’est pourtant de sa part que je viens vous dire qu’elle souhaite vous parler.

Dorante.

Quoi ! tout à l’heure ?

Lisette.

Oui, monsieur.

Arlequin.

Le plus tôt c’est le mieux.

Dorante.

Te tairas-tu, toi ? Est-ce que tu es raccommodé avec Lisette ?

Arlequin.

Hélas ! monsieur, l’amour l’a voulu, et il est le maître ; car je ne le voulais pas, moi.

Dorante.

Ce sont tes affaires. Quant à moi, Lisette, dites à madame la comtesse que je la conjure de vouloir bien remettre notre entretien ; que j’ai, pour le différer, des raisons que je lui dirai. Je lui en demande mille pardons ; mais elle m’approuvera elle-même.

Lisette.

Monsieur, il faut qu’elle vous parle ; elle le veut.

Arlequin, se mettant à genoux.

Et voici moi qui vous en supplie à deux genoux. Allez, monsieur, cette bonne dame est amendée ; je suis persuadé qu’elle vous dira d’excellentes choses pour le renouvellement de votre amour.

Dorante.

Je crois que tu as perdu l’esprit. En un mot,