Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/79

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madame ? Allons, allons, levez la tête, et rendez-nous compte de la sottise que vous venez de faire.

Arlequin, la regardant doucement.

Par la jarni ! qu’elle est jolie !

La Comtesse.

Laisse-le là ; je crois qu’il est imbécile.

Colombine.

Et moi je crois que c’est malice. Parleras-tu ?

Arlequin.

C’est que mon maître a fait vœu de fuir les femmes, parce qu’elles ne valent rien.

Colombine.

Impertinent !

Arlequin.

Ce n’est pas votre faute, c’est la nature qui vous a bâties comme cela ; et moi, j’ai fait vœu aussi. Nous avons souffert comme des misérables à cause de votre bel esprit, de vos jolis charmes, et de votre tendre cœur.

Colombine.

Hélas ! quelle lamentable histoire ! Et comment te tireras-tu d’affaire avec moi ? Je suis une espiègle, et j’ai envie de te rendre un peu misérable de ma façon.

Arlequin.

Prrr ! il n’y a pas pied.

La Comtesse.

Là, mon ami ; va dire à ton maître que je me