Page:Marmette - Charles et Éva, 1945.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
charles et éva — la retraite

entre les deux jeunes gens depuis la nuit terrible où leur destinée les avait fait se rencontrer. Charles avait été plein de prévenances pour Éva Moririer, veillant à ce qu’elle ne manquât de rien, l’entourant des soins les plus délicats, et la portant bien souvent dans ses bras quand les pieds fatigués de la pauvre enfant refusaient de la supporter.

Il fallait choisir entre l’abandonner sur la route où elle serait morte de faim et devenue la proie des loups, ou la porter comme le faisait Charles. Ce dernier parti fut considéré comme le plus sage.

Éva avait été très sensible aux égards de Charles, mais elle n’en avait presque rien laissé paraître, ne lui adressant que quelques mots de remerciements. Elle dissimulait si bien que le jeune homme ne savait trop s’il était haï ou estimé : tant ceux qui débutent dans l’amour sont souvent aveugles.

Le soir où nous le revoyons, il était bien rêveur, pour ne pas dire triste. Depuis trois ou quatre jours, il sentait en lui-même quelque chose de nouveau ; des sentiments jusqu’alors inconnus l’agitaient. Il ne savait